Le député national Alexis Mutanda est monté hier jeudi au créneau pour dénoncer une cabale montée de toutes pièces contre sa personne par ceux qui incarnent la «médiocrité de la classe politique congolaise». L’élu de Mbuji-Mayi fustigeait ainsi le fait que son nom soit repris dans un prétendu document circulant actuellement sur les réseaux sociaux et reprenant les noms de 170 acteurs politiques, tant de la majorité au pouvoir que de l’opposition et de la société civile, que la CENI présenterait déjà comme élus pour les prochaines élections législatives prévues le 23 décembre 2018.
Selon les auteurs de ce montage aux allures d’une cabale montée pour discréditer l’élu de Mbuji-Mayi, ce prétendu document devrait être scanné sur le «Serveur-central» de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) avant même le traitement des dossiers des candidatures des députés nationaux (sic)!
Et ceci est présenté comme» une liste voulue discrète du côté du Centre de coordination des élections de la Majorité présidentielle en partenariat avec la Cellule Informatique et vérification de la CENI, qui aurait fuité dans les réseaux sociaux et qui n’est pas signée»(sic). Face à ce montage grossier visant à salir son image et son combat acharné contre les antivaleurs, la réaction du député national Alexis Mutanda ne s’est pas faite attendre.
L’élu de Mbuji-Mayi a qualifié ce prétendu document de «tract».
Sur cette prétendue liste figurent entre autres les noms du président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, du Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Henry Mova, du Vice-premier ministre en charge des Affaires étrangères, She Okitundu, du ministre d’Etat en charge du Plan, Modeste Bahati, du ministre d’Etat en charge de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, ainsi que ceux de l’ancien Premier ministre Matata Ponyo, de l’Ancien Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur Evariste Boshab, du gouverneur Kimbuta, du Directeur de cabinet du Président de la République Néhémie Mwilanya, sans oublier certains acteurs politiques de l’opposition notamment Jean-Claude Nvuemba, Delly Sesanga, Alexis Mutanda, et autres.
La médiocrité de la classe politique congolaise dénoncée
Pour le Secrétaire général honoraire de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), « c’est la médiocrité de la classe politique congolaise qui nous amène à ce genre de choses. On sort un document, où l’on mélange tout ». Il a exprimé sa profonde déception : «Je suis mêlé à des Kabilistes de pur sang. On sort mon nom sans même me contacter ni de près ni de loin». Une chose est vraie, c’est que ce prétendu document n’est pas signé.
Il a aussi relevé que les gens viennent le voir pour lui demander de quoi s’agit-il, certains d’entre eux se permettent de dire qu’ils le croyaient dans l’Opposition, alors qu’en réalité, pour eux, Alexis Mutanda est avec Monsieur Joseph Kabila. «C’est comme si on dort avec lui sur un même lit, où ils m’ont déjà vu à Kingakati», une façon de déplorer ce genre de choses qui ne peuvent pas beaucoup avancer le pays.
En ce qui me concerne, a dit ce haut cadre de l’UDPS, «cela ne me fait ni chaud ni froid, parce que nous ne faisons pas de choses pour être ceci ou cela, mais nous le faisons d’abord pour servir le peuple congolais, encadrer ce peuple, encadrer les jeunes, encadrer le pays évidemment avec les capacités que nous pouvons avoir». Et de préciser : «j’ai fait à l’UDPS plusieurs années en dépensant même mes moyens personnels. Tout le monde est au courant de tout ce que nous avons fait pour ce parti politique, prenant de fois des risques énormes pour justement faire marcher ce parti afin d’obtenir le changement dans le pays».
Il a tenu à préciser que «nous voulons que le bien-être social de ce peuple soit garanti». Pour lui, pour ce bien-être social, il faut le changement au plus haut sommet de l’Etat. Aussi, pour arriver à ces résultats, il faut nécessairement un système qui respecte des droits dans le pays. «On ne peut pas y arriver, si on ne fait pas des élections libres et démocratiques, qui non plus ne peuvent être obtenues lorsqu’on installe des machines dont on voit clairement qu’il y a des personnes qui vont être favorisées et d’autres qui vont être défavorisées par la même machine à voter».
Il a expliqué que, «même quand on vous met sur cette liste, on doit d’abord vous consulter. Aucune consultation, rien du tout. Cela veut dire que si mon nom est apparu là-dedans, c’est pour vider ce compte lorsqu’il sera approvisionné au moment opportun». Cette machine, selon lui, est faite pour cela. Il a aussi fait allusion au Conseil de sécurité des Nations-Unies, où cette machine a été critiquée. A en croire Alexis Mutanda, «ce n’est pas tout le monde qui est d’accord avec cette machine». Il a encore soutenu que «cela reflète aussi ce que le fameux serveur fera au moment venu».
Sa position sur la résolution 2409
Le député national Mutanda s’est aussi exprimé sur la dernière «Résolution 2409 des Nations-Unies» qui vient de renforcer et de prolonger le mandat de la Monusco jusqu’en mars 2019, s’attelant sur les élections du 23 décembre 2018, l’application intégrale de l’Accord politique du 31 décembre 2016 et la protection des populations civiles. Une résolution qui, selon ce haut cadre de l’UDPS, n’est pas différente des autres résolutions.
En 2006 et 2011, la Monusco a toujours été là. «Cela doit nous interpeller, quand on sait que c’est depuis 1960 que la RD Congo est indépendante, mais on continue à être encadré comme un enfant qui ne grandit pas». Il a donné l’exemple d’un enfant qui est un retardé mental.
«Il faut qu’à chaque fois la communauté internationale vienne nous encadrer. On a fraudé lors des élections de 2011 et maintenant pour contenir cette fraude de la majorité, il faut encore en 2018 demander à la Monusco d’ouvrir l’œil et le bon, d’observer les élections ensemble avec les autres observateurs internationaux».
Ce député national a donné une autre précision en ces termes : «en 2011, je me suis occupé des élections dans le parti, en tant président de la Commission électorale permanente de l’UDPS, nous avons reçu de nombreux rapports sur les fraudes lors des élections tenues dernièrement. Nous apprécions d’un côté cet effort des amis qui tiennent à nous aider, mais devons nous sentir, de l’autre côte, humiliés».
Un autre sujet qui a préoccupé le député national Alexis Mutanda est l’application de l’»Accord politique de la Saint Sylvestre», conformément toujours à la Résolution 2409 des Nations-Unies, dont certaines dispositions souffraient de manque d’application, le cas du retour au pays des exilés politiques, dont l’un d’eux, Moïse Katumbi, est accusé d’usurpation de nationalité.
Dans la signature de cet Accord de la Saint Sylvestre, il y avait une composante importante qui était le Rassemblement qui, pour le moment, est réduite en miettes, avec l’aile de Tshibala. Certains membres de cette aile qui était restés se sont retrouvés en Afrique du Sud pour compliquer encore la situation de cette composante. Une nébuleuse, on ne sait pas voir le bout du tunnel qui d’ailleurs est très sombre, a affirme Alexis Mutanda.
Le problème de nationalité, c’est aussi une nébuleuse, quand on sait que dans la constitution que la nationalité congolaise est exclusive. Nous sommes dans un pays où la constitution est constamment violée. On avait appris dernièrement que le ministre de la Justice avait eu des complications en Belgique.
Non seulement on viole la constitution, on viole aussi les résolutions qu’on a toujours signé. On voit que l’Etat congolais est aussi complice. Si on fait pour Monsieur Katumbi, qu’on le fasse pour le monde. On apprend que dans le gouvernement, il y a des gens qui ont plusieurs passeports et nationalités.
Mais qu’on ouvre ce dossier pour tout le monde. C’est peu comme si nous étions dans un plage, on est comme des enfants qui jouent avec le sable, en train de faire de châteaux en sable… la communauté internationale dit que ces gens comme ils sont de retardés mentaux, il ne faut pas leur faire encore des choses beaucoup plus graves. Cela nous amène à être infiltrés au niveau de l’armée, de toutes les institutions, sans même le savoir.
Concernant le financement des élections venant de l’extérieur, le gouvernement congolais a refusé l’appui de la communauté internationale au cours d’un conseil des ministres comme s’il avait un agenda caché. Alexis Mutanda s’est étonné de voir que la CENI qui a fait des finances des élections l’une de ses contraintes et qui est prête à recevoir les moyens venant même de la communauté internationale ne va plus prendre de l’argent de cette même communauté internationale.
Il espère que le gouvernement aura suffisamment des moyens financiers pour l’organisation de trois élections présidentielle, législatives nationales et provinciales prévues le 23 décembre prochain. Il faut savoir que la CENI a encore plusieurs opérations à réaliser notamment l’enrôlement des Congolais de l’étranger. Nous allons voir comment le gouvernement va s’y atteler.
Le secrétaire général honoraire de l’UDPS n’a pas voulu donner son avis sur la tenue du congrès du parti, qui va s’ouvrir ce vendredi 30 mars au siège social du parti à Limete, à Kinshasa, et sur le procès de l’actuel secrétaire général qui est accusé de ne pas avoir le droit de convoquer ledit congrès, car il n’a pas reçu jusque-là reçu l’invitation à ces assises du parti. « Ai-je été exclu ou suis-je toujours dedans ?», s’est-il demandé.
Il a rappelé avoir assumé plusieurs responsabilités au sein cette formation politique, a savoir celles de membre du bureau politique, de Secrétaire national chargé des Relations extérieures et de Secrétaire général de l’UDPS pendant 3 ans ainsi que celle de Directeur de la Commission électorale permanente du parti. Il a été élu en 2011 député national sur la liste de ce parti. Alexis Mutanda a déploré le fait que l’UDPS a été infiltré depuis longtemps.
Par Lucien Kazadi T.