Dans son bureau de travail dans la commune de la Gombe, le député national Alexis Mutanda a été sollicité par un groupe de journalistes pour commenter certains sujets brûlants de l’actualité.
Face aux chevaliers de la plume et du micro, le Secrétaire général honoraire de l’UDPS a également réagi à la désignation du dauphin de Joseph Kabila, au choix d’un candidat unique de l’Opposition et à l’utilisation de la machine à voter.
L’élu de Mbuji-Mayi s’est exprimé sans tabou à propos du processus électoral en cours. Le Chef de l’Etat s’est finalement prononcé en désignant un dauphin, Emmanuel Ramazani Shadary, pour le compte du Front Commun pour le Congo (FCC) au prochain scrutin de décembre 2018. En tant que politique, quelle opinion avez-vous de ce candidat dont la moralité est quelque peu décriée par l’opinion ?
Alexis Mutanda : D’habitude, je ne donne pas mes opinions personnelles sur d’autres personnes, surtout quant il s’agit de problèmes qui touchent à la moralité, parce qu’on dit toujours qu’il ne faut pas juger pour ne pas être jugé. Par conséquent, la moralité c’est son problème. S’il estime que ce qu’il fait, il le fait suivant sa conscience, ça c’est un problème de responsabilité, et pour un homme d’État, évidemment, on ne peut pas négliger cet aspect des choses parce qu’une fois qu’on est au sommet de l’État, on devient un peu comme un éducateur pour la masse.
Lorsqu’il y a des écarts de langage et des attitudes qui ne sont pas moralement bonnes, en ce moment là, il faut qu’on sache qu’on a une responsabilité politique importante, parce que la masse populaire tire toujours ses leçons du comportement de ceux qui nous dirigent. Raison pour laquelle, je ne suis pas mieux placé pour donner mon jugement là-dessus.
Pour certains analystes, le chef de l’État, en désignant un dauphin, a été sous pressions internes et externes. Pour d’autres par contre, ce n’était que dans le cadre du respect de la Constitution. Qu’en pensez-vous ? Alexis Mutanda : Je crois que nous sommes tous acteurs et observateurs de la scène politique congolaise. Le processus électoral a débuté il y a combien de temps ? Je dirais que c’est depuis la prestation de serment du président Kabila en 2011.
Ce qui veut dire qu’il devrait se préparer pour les élections suivantes. Comme la Constitution prévoit que le mandat du président de la République est de 5 ans, les élections devraient normalement avoir lieu en décembre 2016, et nous nous retrouvons avec des élections prévues pour le 23 décembre 2018, ce qui fait 2 ans après. C’est tout simplement parce qu’il y a eu beaucoup de tergiversations, notamment la tentative de réviser la Constitution qui a échoué. Raison pour laquelle on s’est rabattu sur le dialogue, l’unique possibilité pour une voie de sortie.
Je vous rappelle que l’UDPS était le premier parti politique de l’Opposition à proposer le dialogue au mois de février 2015, alors qu’en ce temps, personne ne voulait entendre parler de dialogue. Jusqu’au moment où ils avaient épuisé tous les moyens possibles de faire le glissement.
C’est en ce moment qu’ils ont accepté l’idée du dialogue. Ainsi, le dialogue présidé par l’Union Africaine a été contesté par les partis politiques qui n’y ont pas pris part, car jugé non inclusif. Puis viendra le dialogue présidé par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) ayant abouti aux résolutions de la Saint Sylvestre.
Vous n’allez pas me dire que le président Kabila a accepté ces élections de bon cœur, parce que vous voyez très bien par quelle étape nous sommes passés pour que finalement, on accepte ces élections de 2018. Pour ceux qui pensent que Kabila est entré dans l’histoire, je dirais que, les gens peuvent penser comme ils veulent, mais je vous ai fait l’analyse pour vous démontrer que si le président Kabila est arrivé à désigner son dauphin, c’est suite aux fortes pressions, comme vous l’avez dit vous-même, internes (des partis politiques et du peuple congolais) et internationales.
Pour éviter l’explosion, il n’avait pas de choix face à ces pressions de pouvoir présenter son dauphin, qui a permis quand même de décrisper la situation d’une certaine manière. Toutefois, la simple désignation de Shadary comme candidat de la Majorité ne peut constituer une raison de décrispation de la situation politique, parce qu’il y a beaucoup d’autres éléments qui risquent de compromettre les élections de décembre 2018.
Certains pensent qu’en posant cet acte, le Chef de l’État mérite d’être élevé au rang de héros national parce qu’il a fait
Le Chef de l’Etat s’est finalement prononcé en désignant un dauphin, Emmanuel Ramazani Shadary, pour le compte du Front Commun pour le Congo (FCC) au prochain scrutin de décembre 2018. En tant que politique, quelle opinion avez-vous de ce candidat dont la moralité est quelque peu décriée par l’opinion ?
Alexis Mutanda :
D’habitude, je ne donne pas mes opinions personnelles sur d’autres personnes, surtout quant il s’agit de problèmes qui touchent à la moralité, parce qu’on dit toujours qu’il ne faut pas juger pour ne pas être jugé. Par conséquent, la moralité c’est son problème.
S’il estime que ce qu’il fait, il le fait suivant sa conscience, ça c’est un problème de responsabilité, et pour un homme d’État, évidemment, on ne peut pas négliger cet aspect des choses parce qu’une fois qu’on est au sommet de l’État, on devient un peu comme un éducateur pour la masse.
Lorsqu’il y a des écarts de langage et des attitudes qui ne sont pas moralement bonnes, en ce moment là, il faut qu’on sache qu’on a une responsabilité politique importante, parce que la masse populaire tire toujours ses leçons du comportement de ceux qui nous dirigent. Raison pour laquelle, je ne suis pas mieux placé pour donner mon jugement là-dessus.
Pour certains analystes, le chef de l’État, en désignant un dauphin, a été sous pressions internes et externes. Pour d’autres par contre, ce n’était que dans le cadre du respect de la Constitution. Qu’en pensez-vous ?
Alexis Mutanda : Je crois que nous sommes tous acteurs et observateurs de la scène politique congolaise. Le processus électoral a débuté il y a combien de temps ? Je dirais que c’est depuis la prestation de serment du président Kabila en 2011. Ce qui veut dire qu’il devrait se préparer pour les élections suivantes.
Comme la Constitution prévoit que le mandat du président de la République est de 5 ans, les élections devraient normalement avoir lieu en décembre 2016, et nous nous retrouvons avec des élections prévues pour le 23 décembre 2018, ce qui fait 2 ans après. C’est tout simplement parce qu’il y a eu beaucoup de tergiversations, notamment la tentative de réviser la Constitution qui a échoué. Raison pour laquelle on s’est rabattu sur le dialogue, l’unique possibilité pour une voie de sortie.
Je vous rappelle que l’UDPS était le premier parti politique de l’Opposition à proposer le dialogue au mois de février 2015, alors qu’en ce temps, personne ne voulait entendre parler de dialogue. Jusqu’au moment où ils avaient épuisé tous les moyens possibles de faire le glissement.
C’est en ce moment qu’ils ont accepté l’idée du dialogue. Ainsi, le dialogue présidé par l’Union Africaine a été contesté par les partis politiques qui n’y ont pas pris part, car jugé non inclusif. Puis viendra le dialogue présidé par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) ayant abouti aux résolutions de la Saint Sylvestre.
Vous n’allez pas me dire que le président Kabila a accepté ces élections de bon cœur, parce que vous voyez très bien par quelle étape nous sommes passés pour que finalement, on accepte ces élections de 2018. Pour ceux qui pensent que Kabila est entré dans l’histoire, je dirais que, les gens peuvent penser comme ils veulent, mais je vous ai fait l’analyse pour vous démontrer que si le président Kabila est arrivé à désigner son dauphin, c’est suite aux fortes pressions, comme vous l’avez dit vous-même, internes (des partis politiques et du peuple congolais) et internationales.
Pour éviter l’explosion, il n’avait pas de choix face à ces pressions de pouvoir présenter son dauphin, qui a permis quand même de décrisper la situation d’une certaine manière. Toutefois, la simple désignation de Shadary comme candidat de la Majorité ne peut constituer une raison de décrispation de la situation politique, parce qu’il y a beaucoup d’autres éléments qui risquent de compromettre les élections de décembre 2018.
Certains pensent qu’en posant cet acte, le Chef de l’État mérite d’être élevé au rang de héros national parce qu’il a fait ce que peu de présidents africains de la sous-région n’ont pas pu faire. Partagez-vous ce point de vue ?
Alexis Mutanda : Je tiens à rappeler qu’en prêtant serment en 2006 et 2011, le président Kabila avait juré devant Dieu et devant le peuple congolais de respecter la Constitution de la République. Si ce qu’il vient de faire est dans le respect pure et simple de la Constitution, il ne s’agit pas d’un acte extraordinaire. En plus, la loi fondamentale du pays est très claire, du fait qu’aucun Congolais ne peut diriger le pays au-delà de deux mandats.
Comme il avait déjà terminé ses mandats et qu’aujourd’hui, nous sommes en plein glissement, le président Kabila n’a aucun droit de briguer un troisième mandat. Il n’y a pas un acte de gratitude pour quelqu’un qui n’a fait que respecter la Constitution. Il ne faut pas quand même qu’on exagère dans certaines choses. Rien n’est extraordinaire lorsqu’il désigne un dauphin, du moment où il ne fait que suivre à la lettre et l’esprit de la Constitution lui interdisant un mandat de plus après les deux autres.
Du côté de l’Opposition, pensez-vous qu’elle pourra fédérer ses énergies autour d’un seul candidat pour faire le contrepoids face au candidat du FCC ? Quel est l’état d’esprit de l’Opposition actuellement ?
Alexis Mutanda : Vous savez, lorsqu’on parle des élections, ce n’est pas des partis politiques qu’il faut regarder, mais plutôt l’importance des électeurs. Actuellement, lorsqu’on donnera au peuple congolais l’occasion d’exprimer démocratiquement et librement ses choix, je ne vois pas quelqu’un de la Majorité obtenir même pas 10% de voix. La situation aujourd’hui est telle que si réellement les élections sont libres, transparentes et démocratiques, je ne vois pas quelqu’un de la Majorité qui puisse arriver à la présidence de la République. En dix-sept ans de présidence de Joseph Kabila, le bilan est nettement négatif sur le plan social, économique, financier, développement…
Vous pensez que le même peuple, qui est en train de vivre ce drame, puisse aujourd’hui librement aller donner sa voix à des personnes qui ont amplifié son malheur ? Je suis convaincu que lorsque ce peuple sera appelé à poser des actes pour assurer l’alternance au pouvoir, vous serez étonnés du résultat.
Par ailleurs, concernant la désignation d’un candidat commun de l’Opposition, il faudra d’abord commencer par définir ce que vous entendez par l’Opposition. L’opposition, dans notre pays, c’est généralement des personnes qui s’élèvent un jour et passent devant un micro pour dire que moi, je suis opposant, par le simple fait de demander le départ du président Kabila ou de déclarer que le pays va mal. Pourtant, être opposant n’est pas question de déclarations, mais d’une vision.
C’est-à-dire qu’on a un programme politique contraire à ce que la Majorité fait depuis plusieurs années.
Si tous ceux qui prétendent être des opposants ont la même vision et les mêmes objectifs et modèles du gouvernement du pays, l’on peut parler en ce moment d’une Opposition ou d’une candidature unique. Une candidature unique suppose qu’on a un dénominateur commun.
Cependant, chaque parti politique a ses statuts, son programme d’action et sa manière d’exprimer son opinion. Est-ce que vous pouvez me dire que tous ces opposants voient les choses de la même manière ou ont la même histoire du combat ?
En prenant le cas de l’UDPS, c’est depuis 36 ans qu’il est sur terrain en train de combattre pour le changement dans ce pays. Ce parti a sa vision, ses objectifs, son programme de gouvernement, etc. Je ne pense pas que ses objectifs sont les mêmes que ceux des autres partis politiques.
Il ne faut pas qu’on fasse de l’amalgame. Il s’agit ici de fusionner des partis politiques, des associations ou des groupements à des personnes qui ont lutté pendant un certain nombre d’années pour une vision bien déterminée, avec une méthode de lutte. Concernant la candidature unique, le problème n’est pas au niveau des individus, mais des principes, des objectifs, des programmes d’actions, etc.
Un mot sur le processus électoral car le président de la CENI, Corneille Nangaa, tient à la machine à voter
Alexis Mutanda :
En quoi est-ce que cette CENI est indépendante, parce qu’elle dépend totalement du pouvoir en place. Ce point sur la machine à voter est vraiment crucial. Il y a des suspicions très sérieuses autour de cette machine à voter qui a été rejetée par la classe politique et le peuple congolais. Même les témoignages venant d’autres pays montrent que cette machine n’est pas fiable. Même le gouvernement sud-coréen a mis en doute cette machine à voter.
Par TSM