Pour le Secrétaire Général honoraire, arriver au pouvoir n’est pas une fin en soi. Car, le calvaire de ce pays est complexe et il y a des défis à relever dans plusieurs domaines : la santé, la sécurité, le chômage, l’éducation, la bonne gestion des ressources naturelles telles que les mines, pétrole, etc.
Le Secrétaire général honoraire de l’UDPS, Alexis Mutanda, était, hier jeudi 14 février, face à la presse à l’occasion du 37ème anniversaire de son parti. L’ingénieur Mutanda qui a accordé une interview à certaines chaines de télévisions de Kinshasa dans son bureau de travail, s’est exprimé notamment sur les défis qui attendent le nouveau régime, le rapatriement de la dépouille mortelle d’Étienne Tshisekedi, la constance de l’UDPS et sur son mandat lorsqu’il était Secrétaire général. Ci-dessous l’intégralité de cette interview
Q : M. Alexis Mutanda aujourd’hui votre parti l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) fête son 37ème anniversaire. Sous quel signe comptez-vous célébrer cet important événement?
Alexis Mutanda : Personnellement, je fête le 37ème anniversaire de l’UDPS sur fond de la constance, de la persévérance et de la confiance. Ce sont ces qualités qui ont fait que ce parti soit devenu un grand parti politique. Si aujourd’hui nous parlons de 37 ans d’existence de l’UDPS dans notre pays, c’est tout simplement pour rappeler à beaucoup de personnes qu’il n’y a pas deux partis politiques qui ont connu la même expérience.
Il y a eu de grands partis dans notre pays comme le Mouvement Populaire pour la Révolution (MPR) qui a disparu immédiatement avec le Fondateur de ce parti, ainsi que l’Alliance des Bakongo (ABAKO), etc. Tandis que pour l’UDPS, plus les années passent, plus le parti prend de ramification, et j’en suis fier parce que c’est le seul parti politique dans le monde qui existe pratiquement dans tout le pays. Les structures de l’UDPS se retrouvent aussi dans différentes provinces de la République.
En ce 37ème anniversaire de l’UDPS, je suis fier parce que j’appartiens à ce parti depuis très longtemps, je suis combattant et Co-fondateur. Après tant d’années, le parti est toujours vivant et attaché à ses objectifs comme définis dans les statuts.
Q : Plusieurs partis ont disparu après la mort de leurs fondateurs. Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui le président de l’UDPS, Étienne Tshisekedi, soit décédé mais son parti demeure et accède au pouvoir ? Quel est le secret ?
AM : Je crois que j’ai eu à effleurer plus au moins cette question dans ma première réponse. Je dirais que lorsqu’on regarde l’UDPS, il s’agit d’une vision, et même du vivant des pères fondateurs, c’était un parti du changement. Le changement des structures politiques, des Congolais, eux-mêmes, qui doivent être au centre de leur développement parce que si l’homme Congolais ne se débarrasse pas des anti valeurs encouragées par certains régimes politiques, n’arrive pas à comprendre que le Congo est son patrimoine et qu’il est le souverain primaire, en ce moment là il n’y aura pas de changement.
Beaucoup de régimes ont travaillé pour un pouvoir personnel et l’UDPS a compris que cela n’a pas amené au bien-être social de la population. Ce bien-être suppose un État de droit qui veut dire un pays démocratique où il y a eu des élections libres et transparentes et que le souverain primaire a joué son rôle dans le choix des mandataires.
C’est à partir de là que le changement peut intervenir. Vous comprenez que lorsqu’on est dans une vision aussi vaste et complexe, l’homme congolais joue un rôle primordial. Par conséquent, c’est cette dynamique et cette façon de voir les choses qui sont intériorisées aussi bien par les cadres du parti et aussi les combattants.
Q : M. Alexis Mutanda, vous étiez Secrétaire général de l’UDPS. Qu’est-ce qu’on peut retenir de votre mandat ?
AM : Je suis devenu Secrétaire général de l’UDPS spécialement au mois de novembre 2008. Je suis arrivé dans un contexte où le parti n’a pas pris part aux élections de 2006 parce que les critères établis au dialogue inter congolais à Sun City, en Afrique du Sud, pour l’organisation des élections n’ont pas été respectés. Et puis en 2007-2008, le président Étienne Tshisekedi était tombé gravement malade et se trouvait en soins médicaux à l’étranger.
Cela a fait que les combattants étaient restés comme des orphelins vu l’absence du leader et du fait qu’on n’a pas participé aux élections et que l’on ne se retrouve pas non plus dans des institutions. C’est dans ce contexte que je suis devenu SG, et je ne devrais pas seulement continuer à animer les structures du parti mais aussi moraliser les combattants qui étaient désespérés.
Les structures du parti étaient en ce moment presque abandonnées à elles-mêmes. C’est ainsi que nous avons mené des actions, en faisant également des tournées en provinces pour pouvoir rassurer les combattants. Nous les avons encouragés et annoncé aussi notre participation à l’élection de 2011 et qu’ils devraient s’enrôler massivement.
C’est ce qui a été fait parce que selon le rapport que j’ai, c’est le président Étienne Tshisekedi qui avait remporté les élections de 2011. C’est pour la première fois également que le parti a eu plus de 40 députés nationaux qui ont constitué la plus grande force des partis de l’opposition à l’Assemblée nationale.
Je dirais que c’était une période particulière où l’on devait avoir des actions particulières et prendre des initiatives pouvant permettre à cette grande organisation politique de ne pas tomber dans le désespoir.
Q : En 2011, vous n’avez pas eu le pouvoir mais vous l’avez en 2018. Quels sont les sentiments qui vous animent ?
AM : Arriver au pouvoir n’est pas une fin en soi. Le pouvoir peut servir comme étant le début du commencement parce que durant des années, l’UDPS travaillait pour changer des choses dans notre pays. Ce qui veut dire que le parti luttait pour avoir une alternance, et nous venons de l’obtenir suite aux élections du 30 décembre 2018.
J’ai parlé du début du commencement parce que le peuple congolais, lui, attend le changement. Car le problème de ce pays est complexe et il y a des défis à relever dans plusieurs domaines : la santé, la sécurité, le chômage, l’éducation, etc.
Le secteur minier constitue aussi un autre défi puisque la RDC est le seul pays qui possède presque tous les minerais du monde (Cobalt, cuivre, diamant, uranium, or, pétrole, forêt, lacs, rivières…), malheureusement son peuple est le plus pauvre du monde. Avec toutes ces richesses, il y a encore beaucoup de prédateurs qui y arrivent parce qu’ils trouvent qu’il y a l’impunité, la corruption et toutes les anti valeurs que les autres combattent chez eux. Ils profitent de cette situation pour s’accaparer de nos richesses.
Ces défis sont très importants, il faut s’organiser pour voir de quelle manière on pourra permettre à ce peuple de vivre décemment et de profiter des richesses de son pays. Avec la mondialisation où tout le monde est citoyen du même village, on doit se demander quelle sera la place des Congolais dans ce village. Les défis sont énormes !
Q : Deux ans déjà, la dépouille d’Étienne Tshisekedi se trouve encore en Belgique, où est-ce que nous en sommes avec les préparatifs pour le rapatriement de son corps ?
AM : Je crois que, il y a la famille, le parti et les autorités qui s’en occupent. Maintenant, il faut qu’ils se mettent ensemble pour nous fixer. Effectivement, le peuple congolais attend voir cet homme revenir au pays pour qu’on puisse lui rendre les hommages dignes de son rang.
Par TSM