Pour le Secrétaire Général honoraire de l’UDPS, la disparition de l’Evêque émérite de Mweka doit être perçue comme un avertissement qui appelle les Congolais à une prise de conscience collective face au Coronavirus
Par Lucien Kazadi T.
Le décès de l’évêque émérite Gérard Mulumba, survenu le mercredi 15 avril 2020 à Kinshasa, a affecté beaucoup de personnes au pays, même des Congolais séjournant actuellement à l’étranger suite au confinement imposé par la pandémie de Coronavirus.
C’est le cas du Secrétaire général honoraire de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), M. Alexis Mutanda, qui dans une interview accordée à La Tempête des Tropique a rendu un vibrant dernier hommage à ce prélat présenté par tous comme un homme de paix, sociable, et surtout resté utile pour le pays jusqu’à son dernier soupir alors qu’l assumait la fonction de chef de la Maison civile du Chef de l’Etat.
Ci-dessous l’intégralité de cette interview
La Tempête des Tropiques: Monsieur Alexis Mutanda, vous êtes un acteur politique de renom en RD Congo, qui vient de perdre un digne fils en la personne de Monseigneur Gérard Mulumba, évêque émérite, avec qui vous entreteniez de très bonnes relations. Pouvez-vous nous dire comment vous l’aviez connu?
A.Mutanda: Monseigneur Gérard Mulumba, je l’ai connu quand nous étions trop jeunes. Comme vous le savez, j’ai fait mes études secondaires au petit séminaire à Kananga, lui est venu nous rejoindre lorsque j’étais déjà en 5ème latine. Il venait d’une école moyenne. On a cheminé ensemble. Il n’était pas dans la même classe que nous, car il était d’une année supérieure à nous.
Après les études secondaires, lui, il a continué au grand séminaire où il fit la philosophie et la théologie, pour après se retrouver à l’université pour plus de connaissances. Durant tous ce temps, on se voyait souvent jusqu’à ce qu’il a été nommé évêque à Mweka dans l’ancienne province du Kasaï-Occidental. C’était en 1992, au moment où son grand frère, le président de l’Udps (Union pour la démocratie et le progrès social), Etienne Tshisekedi wa Mulumba, venait d’être élu Premier ministre à la Conférence nationale souveraine (SNC).
A cette époque, j’étais au cabinet du Premier ministre parmi ses conseillers. Je me rappelle que nous nous sommes déplacés avec le Premier ministre Etienne Tshisekedi à Mweka, lors de l’intronisation de ce nouvel évêque. Depuis lors, on se voyait sporadiquement quand il venait à Kinshasa. Lorsque j’étais en tournée à l’intérieur du pays en 2010, à l’époque j’étais secrétaire général de l’UDPS, j’étais allé au Kasaï-Occidental où j’avais fait une tournée à Tshimbulu, Kananga, j’étais même arrivé jusqu’à Mweka. Ce qui m’avait permis de voir ce qu’il réalisait.
En tant que journaliste, vous vous rappelez qu’en 2017, lorsque je publiais mon livre sur le leadership, il a participé au vernissage de l’ouvrage. C’est d’ailleurs lui qui avait béni ce livre. C’est donc une personne que j’ai connue depuis plusieurs années. A Kinshasa, on se voyait souvent soit chez son grand frère, soit là où il logeait. C’est vraiment une vieille relation.
TDT: Comment avez-vous accueilli la nouvelle de sa disparition?
A.Mutanda : C’est avec beaucoup de surprise que j’ai appris la nouvelle de sa mort, parce que je n’ai pas été informé pendant qu’il était malade et hospitalisé. Ce sont des amis qui m’ont téléphoné pour m’annoncer la mort de Monseigneur. C’est quelqu’un qui était encore utile pour le pays. Sa mort nous a affecté. Car, il pouvait encore rendre beaucoup de services au pays, non seulement en tant que pasteur dans le cadre spirituel, mais aussi à sa famille biologique, pour les responsabilités qu’il assumait en tant que chef de la Maison civile du Chef de l’Etat.
TDT : Qu’est-ce que vous avez retenu le plus de l’illustre disparu ?
A.Mutanda : Ce que j’ai retenu de lui, c’était un homme équilibré, un bon prêtre, un pasteur pour les âmes du Seigneur. Les fidèles qui venaient de Mweka appréciaient beaucoup le travail qu’il réalisait sur place sur le plan spirituel et social. Il faisait beaucoup de bien aux gens, c’était un homme social, non conflictuel. Il était très abordable, très simple, un bon intellectuel, quelqu’un qui appréciait les livres et toujours disposé à apprendre.
TDT : Quel est le message que vous lancez aux Congolais par rapport à la mort de Monseigneur Gérard Mulumba?
A.Mutanda : Vous savez, Monseigneur Gérard Mulumba, d’après les informations que nous avons eues, est mort de Coronavirus, pandémie qui décime pour le moment des vies humaines à travers le monde. C’est donc un véritable avertissement à tout le monde. Parce que, si cette maladie peut terrasser une personne à ce niveau-là, que dire de nos populations ordinaires qui vivent dans des communes comme celles de Barumbu, Masina, Kinshasa, Kimbanseke et autres ?
Surtout quand on sait que les bus, taxis-bus, taxis, même les motos sont devenus le moyen de transport le plus répandu dans notre pays. Dans ces conditions, les règles de préventions ne sont pas respectées, alors que cette pandémie fait énormément des ravages en termes des vies humaines.
Vous avez appris ce qui s’est passé en Chine, où ce virus a commencé, combien des morts cette maladie a causées en Italie, en Espagne ? Pendant que la France est en train de se battre pour maîtriser la situation, la Belgique aussi enregistre ses morts.
Idem pour la Grande Bretagne qui avait au départ négligé la situation et ne voulait pas prendre les choses au sérieux, vous voyez que son Premier ministre a été hospitalisé, et le nombre des morts continue de monter en flèche. La situation est plus que dramatique aux Etats-Unis d’Amérique avec près de 300 millions d’habitants et environ 50 Etats, la pandèmie est en train d’y faire des ravages.
Tous ces pays industrialisés sont en train de serrer la ceinture, et des mesures fortes sont en train d’être prises, des budgets colossaux sont mobilisés pour maitriser la situation. Quelle serait alors le sort des Congolais si une telle situation arrivait dans les pays africains, plus précisément dans notre pays la RDC, où les gens vivent dans une grande promiscuité, avec un transport en commun non maîtrisable, des femmes et des jeunes qui sont dans les marchés en train de vendre dans l’insouciance leurs beignets, bananes, arachides pour survenir aux besoins de familles ?
Prions donc Dieu pour que les chercheurs trouvent vite le vaccin et le protocole pour traiter cette maladie. Parce que, si cette pandémie s’installe dans notre pays, je crains l’hécatombe humaine. C’est pourquoi, nous saluons les mesures d’urgence prises par les autorités nationales. J’invite tout le monde, les autorités, la population à une prise de conscience collective pour vaincre cette pandémie.