Mais face à la régression observée dans plusieurs secteurs vitaux, le député national honoraire et ancien Secrétaire général de l’Udps exhorte ses compatriotes à ne pas céder au découragement et à travailler pour un avenir meilleur du pays
Par Lucien Kazadi T.
Depuis Bruxelles où il séjourne, alors que la maladie à Coronavirus 2019 s’était déclarée, le secrétaire général honoraire de l’Udps (Union pour la démocratie et le progrès social), Alexis Mutanda,continue à suivre de très près la situation dans son pays. C’est ainsi qu’il a profité de la célébration du 60ème anniversaire de l’indépendance de la RD Congo pour, non seulement, souhaiter bonne fête à ses compatriotes Congolais, mais aussi peindre la situation que traverse le pays 60 ans après son accession à la souveraineté nationale et internationale.
Pour ce député national honoraire, le pays a perdu la bataille, mais pas la guerre. C’est pourquoi, il invite les Congolais à ne pas se décourager, mais à croire au développement de leur pays dans l’avenir.
TDT: Honorable, la RD Congo acélébré, le mardi 30 juin 2020, le 60ème anniversaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale. Qu’est-ce que cela vous inspire-t-il?
A.M: Merci pour la question qui est extrêmement importante. Comme vous le dites, ce jour est une date spéciale, où la vie nationale de notre pays a 60 ans, où la République Démocratique du Congo a accédé à la souveraineté nationale et internationale. Ce qui veut dire que le peuple congolais, depuis 60 ans, a quitté la colonisation pour atteindre la liberté internationale.
Toute liberté internationale, par définition, suppose que le peuple congolais se gouverne lui-même, le peuple congolais est en train d’accéder à son destin par ses propres efforts et par le travail de ses compatriotes. Il se fait malheureusement que le bilan, là se sont les sentiments que j’ai par rapport à ce que nous avons acquis en 1960, par rapport à ce que nous sommes aujourd’hui, pour tirer des conclusions.
En 1960, pour ceux qui ont connu notre pays à cette époque, on peut dire qu’on était encore gouverné par laBelgique, je crois quand même que le peuple congolais allait de plus en plus vers l’épanouissement. Dans l’enseignement, par exemple, on avait vu à cette époque une éclosion des écoles secondaires, des écoles supérieures, et même l’Université de Lovanium, celle d’Elisabethville, et d’autres qui étaient des institutions scolaires, académiques et universitaires de haut niveau.
A cette époque, on a vu une véritable marche vers le progrès dans notre administration, héritée du temps colonial. C’est ainsi que les fonctionnaires de l’époque accédaient de plus en plus à certains biens matériels. Non seulement l’Etat payait avec une grande régularité, mais aussi ces fonctionnaires avaient des facilités d’accès à certains crédits pour se construire des maisons, même se payer les voitures, et autres choses. Toujours sur le plan d’administration, nous avions vécu une partie de cette période, il y avait la facilité de se déplacer dans le pays, pour aller d’une province à une autre sans être inquiété.
Aussi, il y avaitdes progrès sur le plan de sécurité. On avait une justice qui allait de progrès en progrès.Si bien que lorsqu’on avait un problème, on allait en justice, on voyait de quelle manière cette justice était rendue.
Alors, tous ces éléments de comparaison de l’ancien temps au pays par rapport à aujourd’hui justifient le sentiment que j’ai.
Au lieu de faire le progrès, au lieu de profiter de ce qui a été fait en 1960 pour aller vers le haut, au contraire on a connu une descente aux enfers, qui continue jusqu’à l’heure actuelle.
Aujourd’hui, sur le plan scolaire, il y a une baisse du niveau d’une façon inadmissible ; les universités n’en parlons même pas.
La qualité de cet enseignement, au niveau de programme qui avait été atteint, est devenue aujourd’hui tout à fait déplorable. Cela parce que notre enseignement est en train de dégringoler de manière déplorable.
Sur le plan de l’administration, je peux vous assurer que ce secteur est tout à fait tombé bas. Car, non seulement les fonctionnaires ne sont pas payés de manière régulière, mais aussi leur niveau de vie est devenu médiocre.
Pour ce qui est de la sécurité au pays,le constat est aussi très amer. Vous savez très bien ce qui se passe à l’Est du pays d’une manière générale, où des populations entières sont décimées et ne peuvent compter sur aucune autorité pour leur survie, etc. la pauvreté dans le pays est devenue notre pain quotidien.
Avec tous ces éléments, on peut les énumérer du matin jusqu’au soir, je peux vous dire aujourd’hui que le pays a été systématiquement tiré vers le bas. Le peuple devient de plus en plus pauvre, alors que le pays e manque pas de ressources. Ces richesses malheureusement la population n’en profite pas. C’est ainsi que nous sommes classé dans la catégorie des pays les plus pauvres. Ce qui est tout à fait inacceptable.
Mais malgré cela, nos sentiments pour le moment par rapport à l’indépendance sont ceux de fierté, parce que nous sommes dans le concert des Nations comme un pays souverain, indépendant. Mais sur le plan du bien-être social, il y a encore beaucoup de choses à faire.
A propos de l’Etat de droit
TDT: Honorable Alexis Mutanda, vous êtes un acteur politique qui a un parcours, vous avez été aux côtés d’Etienne Tshisekedi d’heureuse mémoire, pour l’instauration d’un Etat des droits. Quelle est votre analyse de la situation actuelle du pays, surtout en ce qui concerne notamment la justice?
A.M :Vous me posez là encore une question complexe. Mais, vous savez dans la vie d’un peuple, il y a beaucoup d’éléments qui interviennent dans le bien-être social. Vous savez que moi-même, j’appartiens à l’Udps (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), nous avons combattu pendant plusieurs années pour la démocratisation du pays.
Démocratiser le pays pour quel but? Tout simplement pour arriver à un Etat de droits qui implique une justice égale pour tout le monde, le bien-être social de la population, où une société dans laquelle chacun peut se développer suivant ses capacités, suivant ses possibilités. Alors quand vous regardez tous ces aspects, c’est-à-dire le bien-être social de la population qui mémoire, pour l’instauration d’un Etat des droits. Quelle est votre analyse de la situation actuelle du pays, surtout en ce qui concerne notamment la justice?
A.M :Vous me posez là encore une question complexe. Mais, vous savez dans la vie d’un peuple, il y a beaucoup d’éléments qui interviennent dans le bien-être social. Vous savez que moi-même, j’appartiens à l’Udps (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), nous avons combattu pendant plusieurs années pour la démocratisation du pays.
Démocratiser le pays pour quel but? Tout simplement pour arriver à un Etat de droits qui implique une justice égale pour tout le monde, le bien-être social de la population, où une société dans laquelle chacun peut se développer suivant ses capacités, suivant ses possibilités.
Alors quand vous regardez tous ces aspects, c’est-à-dire le bien-être social de la population qui provient de la démocratisation du pays, ce qui veut dire tout simplement que chaque Congolais peut atteindre ses objectifs selon le travail qu’il produit, qui se trouve dans un environnement qui lui permet de s’améliorer.
La justice dont vous parlez m’amène à parler de quelques procès que nous venons de vivre ces derniers temps au pays. Il est tout à fait évident que c’est très bon début, mais l’objectif n’est pas encore atteint. Si vous regardez l’histoire du pays, ce qui s’est passé depuis le 30 juin 1960 jusqu’aujourd’hui; il y a eu Monsieur Mobutu qui a dirigé pendant 32 ans, les «Kabila» qui ont été à la tête de leur régime pendant plus de 20 ans, ce qui fait quand même plus de 50 ans.
On peut dire que la justice du pays, pendant cette période n’était qu’un slogan creux. Cela fait partie du passé, on peut tirer des leçons pour le présent. La justice individuelle, c’est une bonne chose. Est-ce qu’on peut dire qu’on établit la justice dans l’exploitation de nos minerais dans l’Est du pays? Nous avons le coltan qui est exploité à l’Est du pays, qui est vendu sur le marché international sans que le peuple congolais sache en quelle quantité et de quelle manière !
Nous avons le cuivre, la cassitérite, l’or, même le pétrole qui se trouve pratiquement dans le lac Edouard et un peu partout. Ce pétrole est exploité d’une manière systématique. Le gaz méthane qui est exploité, le cuivre exploité, tout cela sans qu’on sache exactement si le peuple congolais tire profit de son sous-sol et son sol qui font partie de notre patrimoine national. Mais pour ce qui est de la justice pour les 60 ans, nous pouvons dire que nous avons créé un état d’esprit. Mais, si on veut réellement sortir du bourbier dans lequel nous sommes, il faut une analyse beaucoup plus grande, plus réaliste.
Nous voulons que cette injustice puisse prendre fin de manière à ce que le peuple congolais puisse prendre son destin en main, et déclencher le mouvement de son développement. Jusque-là, on est en train de faire quelque chose, mais tout cela devrait s’inscrire dans un programme d’actions sérieux en enclenchant un mouvement de participation collective, parce que si le peuple congolais collectivement ne participe pas à ce programme de développement, à ce programme d’émancipation, tout celarisque d’être une fois de plus la poudre qu’on jette aux yeux des gens.
De la crise sanitaire due au coronavirus
TDT: Avant de dire votre dernier mot, pouvez-vous dire également quelque chose sur le Coronavirus, qui s’est aussi déclaré à Kinshasa où les autorités ont opté pour déconfinement de la commune de la Gombe.
A.M: Pour ce qui est du Coronavirus, nous suivons ce qui se passe ici en Europe, parce que je suis absent du pays depuis un certain temps.Vous avez appris que ce virus a repris ses effets en Chine et dans d’autres pays. Il y a des raisons qui ont été avancées pour confiner, et déconfiner, maintenant qu’on confine de nouveau.
C’est pour vous dire que la situation est très sérieuse, très tendue. Dans la ville de Kinshasa, la situation est encore plus complexe. Tout ce que je peux recommander, c’est de faire très attention à soi-même, à ceux qui vous entourent. Cela parce que le virus n’est pas encore maîtrisé.
On parle de plus en plus de vaccin, qui est une bonne chose, mais qui n’est pas encore tout à fait prêt. Même la chaleur en Afrique ne peut rien faire, à en croire les scientifiques. Il faut alors attendre que les scientifiques mettent en place le médicament qu’il faut, le vaccin qu’il faut. Mais en attendant, il faut que la prudence soit le maître mot.
Pour ce qui est de l’anniversaire du pays pour ses 60 ans de l’indépendance, je souhaite très bonne fête à tous les compatriotes partout au pays etailleurs, parce que nous sommes tous unis dans le même sort comme dans l’hymne national. Même si les 60 ans d’indépendance ne nous ont pas apporté beaucoup de bonheurs, il faudrait que nous ne puissions tomber dans le découragement.
Lorsqu’on voit la complexité de nos problèmes, on peut avoir tendance à dire qu’on ne peut faire autre chose, ou dire il y aura rien de différent. Un peuple découragé, qui a peur de son destin, c’est un peuple qui ne peut pas aller de l’avant. On peut perdre une bataille, mais on n’a pas perdu la guerre. La volonté populaire reste toujours le fer de lance de l’avenir, de telle manière que la prise de conscience collective populaire servira à aider ce dynamisme d’aller vers le développement, surtout le bien-être social.