Selon lui, Félix Tshisekedi est sorti d’une école politique où il a reçu une philosophie très riche et la coalition avec le FCC ne lui permettra jamais de réaliser sa vision
Par Thony Kambila
La coalition FCC-CACH qui est au pouvoir depuis janvier 2019 a montré ses limites. C’est ce qui a poussé le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à entamer des consultations avec des leaders politiques et sociaux pour la création d’une « Union sacrée de la Nation ». Cette initiative est soutenue par l’ex-Secrétaire Général de l’UDPS et député honoraire Alexis Mutanda Ngoy-Muana.
Se prêtant aux questions des journalistes le samedi 28 novembre, l’ingénieur Alexis Mutanda a évoqué les raisons ayant milité en faveur de cette initiative prise par le Président de la République. C’était au cours d’un entretien qu’il a eu avec certains médias de la capitale dans son cabinet de travail situé dans la commune de Gombe à Kinshasa. Parmi ces raisons, il a évoqué le blocage dans la réalisation du programme d’actions du Chef de l’Etat, à cause de la mauvaise foi du camp avec lequel il est en coalition.
Vision
Selon M. Alexis Mutanda, pour mener une bonne action gouvernementale et atteindre des objectifs qu’on s’est fixés, il faut avoir des collaborateurs directs qui comprennent et voient les choses de la même manière et concourent également à l’atteinte de ceux-ci. Cet exercice dépend de la vision de chacun. Mais lorsqu’on voit clairement qu’il y a des personnes qui ne sont pas prêtes à aider le Chef pour attendre ses objectifs, il faut trouver d’autres moyens pour le faire.
Cela ne veut pas dire nécessairement qu’il faut les remplacer par d’autres, mais d’autres dispositions peuvent être prises pour pouvoir atténuer ces handicaps, afin d’atteindre les objectifs.
Ici tout dépend du Président de la République qui connait maintenant les personnes avec qui il peut continuer à travailler.
En s’appuyant sur cette hypothèse, le Secrétaire Général honoraire de l’UDPS est parti du constat selon lequel depuis que la coalition au pouvoir existe, il y a de cela près de deux ans, rien ne marche. Cet échec a été aussi reconnu clairement par le Président de la République qui, dans son discours de 6 minutes, n’a pas hésité de s’exprimer en ces termes:
« Nous avions choisi de gérer le pays au sein d’une coalition qui semblait constituer la solution idoine pour sortir le pays de ses différentes crises récurrentes et préserver ainsi les acquis de l’alternance. Malheureusement, près de deux ans après, les divergences qui persistent entre les parties signataires de cet Accord plombent les ailes de l’espoir de notre envol vers le développement ».
Pour l’ingénieur Alexis Mutanda, l’Union sacrée de la Nation qui doit être créée autour du Chef de l’Etat devrait avoir comme avantage de regrouper en son sein des personnes qui ont une vision commune et un dénominateur commun. Cette Union sacrée devrait aussi donner une dynamique spéciale au programme du numéro un rd congolais pour l’aider à réussir sa vision et son mandat.
Félix Tshisekedi sort d’une grande école de l’UDPS
Alexis Mutanda a saisi cette occasion pour rappeler que le Président Tshisekedi sort d’une grande école de l’Union pour la Démocratique et le Progrès Social(UDPS). Il a vécu aux côtés de la seule personne qui a incarné cette grande formation politique, M. Etienne Tshisekedi wa Mulumba.
Ainsi, pendant plusieurs années, il a eu à apprendre beaucoup de choses. Cela veut dire que dans son sein, il doit nécessairement avoir un programme(plan d’actions) qu’il a tiré de la philosophie politique de cette école de l’UDPS.
A en croire Alexis Mutanda, que ça soit la coalition ou la cohabitation, rien de ces deux possibilités ne pourra amener Félix Tshisekedi à concrétiser sa vision, parce qu’il sort d’une grande école où il a pendant plusieurs années reçu une philosophie politique très riche et différente de celle des gens avec qui il est actuellement dans cette coalition.
Démocratiser le pays pour arriver à l’Etat de droit
Cette philosophie, a ajouté Alexis Mutanda, voudrait que premièrement, pour amener le peuple congolais à son épanouissement, il faut d’abord démocratiser le pays pour arriver à un Etat de droit qui est le cheval de bataille de l’UDPS. Et lorsqu’on est dans un Etat de droit, on peut alors accomplir ce qu’on appelle le progrès social.
Ce progrès social c’est pour l’ensemble des populations congolaises du Nord au Sud et de l’Est à Ouest.
Après avoir accepté de vivre dans une coalition avec un autre camp, le Président de la République s’est rendu compte qu’il n’atteindra jamais ses objectifs en misant sur cette coalition qui a montré ses limites. Et avec une telle coalition, il n’aura pas de bilan à présenter au peuple congolais à la fin de son mandat.
D’où l’on vient, et où l’on va ?
En convoquant des consultations pour aboutir à la création de l’Union sacrée de la Nation, le locataire du Palais de la Nation a bien réfléchi comme tout homme responsable qui, après avoir constaté qu’il y a quelque chose qui va mal, s’arrête pour examiner le problème en se posant bien sûr la question de savoir d’où l’on vient ? Où l’on est, et où l’on va ?
Il faut comprendre ici qu’après près de deux années, rien ne marche à cause de cette coalition composée de gens aux visions opposées. On se retrouve donc dans un pays où les dirigeants se trouvent en face de la population qui ne se retrouve pas à cause de la misère grandissante. Il est donc temps de projeter cette analyse vers l’avenir (rétablissement total de la population).
Fin des consultations
Entamées depuis le 2 novembre par le président Félix Tshisekedi pour sortir de la crise née du conflit avec le camp de son prédécesseur Joseph Kabila, ces consultations politiques ont pris fin mercredi 25 novembre. En annonçant la fin des consultations, la présidence de la République a indiqué que la phase de dépôts des mémorandums par les invités devrait commencer et que le chef de l’Etat devrait s’adresser à la Nation pour lui faire part de sa décision.
Il convient de rappeler que Félix Tshisekedi est au pouvoir depuis janvier 2019. Il gouverne en coalition avec le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, majoritaire au Parlement. Cette plateforme politique dispose de la majorité des postes au sein du gouvernement, en plus de la primature et du contrôle de nombreuses provinces.
La tension entre les deux alliés s’est amplifiée lorsque Félix Tshisekedi a nommé, en juillet dernier, trois nouveaux juges à la Cour constitutionnelle. Des nominations que le camp Kabila a qualifiées d’»inconstitutionnelles», alors que la famille politique du Chef de l’Etat soutient le contraire.
L’attitude affichée, en suite, par le Premier ministre issu du FCC face à la nomination des trois juges, est venue jeter encore de l’huile au feu.